Le net zéro
Toute l’argumentation de Bill Gates s’appuie sur un seul fait : la nécessité de viser la neutralité carbone. En effet, il explique avec beaucoup de clarté que réduire nos émissions ne sera pas suffisant, car tant que le carbone s’accumule dans l’atmosphère, les températures continueront à monter, menaçant toute forme de vie sur cette planète. Il explique également qu’atteindre « zéro émission » ne veut pas dire que nos activités économiques n’émettront plus aucun carbone, mais qu’on parle bien ici d’émissions nettes nulles. Il définit cela par une diminution des émissions la plus grande possible, mariée à des techniques de retrait de carbone. Ce retrait pourrait être effectué soit à la source de l’émission, soit dans l’atmosphère elle-même. Il réconcilie également la lutte contre la pauvreté avec la lutte contre le changement climatique. En effet, selon lui, il est impératif que chaque individu ait accès à l’électricité, au transport, et à de la nourriture de qualité. Il faut donc promouvoir le développement économique des régions les plus pauvres. La lutte contre le réchauffement climatique doit tenir compte de ces enjeux, et ne peut en aucun cas condamner des êtres humains à vivre dans de mauvaises conditions. Il est inconcevable de demander aux pays africains par exemple, qui aujourd’hui ne représentent que 2 % des émissions de carbone, de continuer à vivre dans la pauvreté, cela pour éviter un désastre climatique. Au contraire, il faut investir dans des technologies qui permettront aux pays émergents de se développer de manière durable, sans augmenter leurs empreintes carbones.
Chaque secteur est concerné
Comme l’explique B. Gates, atteindre le net zéro ne sera pas une tâche facile, bien au contraire. Cela car chaque secteur économique va devoir repenser ses façons de faire. Changer les secteurs du transport et de l’électricité ne suffira pas. En effet, le secteur du transport par exemple, ne représente que 16 % des émissions globales, alors que le secteur de la construction et de l’infrastructure, est responsable de 31% de celles-ci. Il faut donc révolutionner tous les domaines économiques.
Selon lui, il faudra électrifier le plus de secteurs possibles, comme celui du transport, et s’assurer que l’électricité provient de sources non-polluantes. Il parle bien sûr longuement des énergies renouvelables, de la nécessité de faire baisser leurs coûts et d’améliorer les systèmes de stockage, mais il parle également du nucléaire. Ce dernier, grand tabou des débats environnementaux, est selon lui indispensable pour atteindre la neutralité carbone, puisqu’il est aujourd’hui la seule source d’électricité sans intermittence non-carbonée. Il mentionne bien évidemment les progrès auxquels il faut aspirer pour rendre le nucléaire plus sécurisé et plus propre ; et il parle également de la possibilité de voir un jour naître des centrales nucléaires basées sur la fusion, un processus qui libèrerait quatre fois plus d’énergie que la fission nucléaire, et qui ne produirait aucuns déchets radioactifs de haute activité.