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Guerre tarifaire avec la Chine : quel impact sur la bourse ?

Jérôme van der Bruggen - Chief Investment Officer
Depuis le début de l’année, la bourse chinoise se porte très bien après avoir sous-performé ces dernières années. Comment expliquer ce rebond ? Quels sont les signaux favorables à la bonne tenue de celle-ci ?
Les Etats-Unis viennent d’annoncer qu’ils allaient quadrupler les tarifs à l’importation de voitures électriques chinoises. Les Européens y réfléchissent sérieusement et risquent d’imposer des mesures en juillet. Qu’en pensez-vous ?
L’Europe a beaucoup plus à perdre que les Etats-Unis à ce jeu-là. Les Etats-Unis ne sont pas (encore) un gros marché pour la voiture électrique alors que l’Europe en a vendu 2,4 millions en 2023. L’Europe importe des voitures électriques fabriquées en Chine (20%) mais surtout nos constructeurs dépendent de la Chine pour l’importation de batteries et de matières premières nécessaires à la fabrication de voitures électriques. La Chine menace d’ailleurs de priver l’Union européenne de matériaux essentiels, notamment la graphite, si elle prend la même direction que les Etats-Unis. La réalité est que les tarifs européens seront sans doute moins extrêmes que les mesures américaines.
On remarque – paradoxalement - que la bourse chinoise est en progression depuis le début de l’année, +25% depuis son plus bas. Ceci en plein guerre tarifaire. A quoi ce rebond est-il dû d’après vous ?
Il y a un aspect conjoncturel à ce qui se passe sur la bourse chinoise. La Chine est – pour l’instant du moins et ce malgré le climat délétère qui règne autour du commerce mondial – toujours « l’usine du monde ». Elle va bien lorsque l’industrie va bien. Or, nous sommes à l’aube d’une légère amélioration de l’activité manufacturière dans le monde. Nous sortons timidement d’une longue gueule de bois (2 ans) après le boom manufacturier postpandémie. Cette légère, timide reprise, va de pair avec le rebond de la bourse chinoise.
N’y a-t-il pas d’autres raisons ? On dit que l’évolution de la bourse chinoise dépend beaucoup de la volonté des autorités chinoises à mettre en place des incitants pour qu’elle performe. Pensez-vous que cette « théorie » soit corrects ?
Oui et il y a eu deux « signaux » de la part des autorités. D’abord, les achats en bourse de certaines entités étatiques chinoises. Les achets d'actions liés à l'État sont monnaie courante sur les marchés asiatiques et leur activité peut renforcer la confiance des investisseurs. La banque centrale du Japon, par exemple, achète depuis longtemps des actions et des ETF cotés sur les bourses japonaises. Ensuite, l’annonce, le 6 février, que les autorités allaient remplacer le président de la CSRC (China Securities Regulatory Commission). Le marché a interprété cela comme un signe ou un message subliminal selon lequel la bourse avait atteint un seuil « plancher ».
Que signifient tous ces développements pour votre stratégie d'investissement ? Dans quelle mesure investissez-vous dans les actifs chinois ?
Les valeurs chinoises représentent une petite partie de nos portefeuilles. Soit juste au-dessus de 2% pour un portefeuille Medium. Pourquoi ? Pour des raisons de valorisation. La Chine capitalise 10x les bénéfices futurs, les Etats-Unis 20x soit une décote de 50%. Nous ne pensons pas que nous soyons à l’aube d’un énorme rebond comme nous l’avons connu en 2020-2021. Le climat délétère pour le commerce mondial nous rend prudents. Cela étant dit, tout à un prix. Cette pondération nous a pénalisé dans le passé et pour l’instant elle nous aide.
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