Le sujet de la taxation des résidences secondaires des résidents belges a donné lieu à une série d’arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) dont le dernier en date, le 12 novembre 2020 (1) , condamne la Belgique à une amende de 2 000 000 d’euros pour manquement (2).
Immeubles non loués – résidences secondaires à usage propre
En cas d’utilisation propre de votre résidence secondaire, c'est la valeur locative annuelle brute moyenne qui doit être déclarée. La valeur locative brute désigne le revenu locatif que le contribuable aurait théoriquement pu percevoir si le bien immobilier avait été loué. Celle-ci correspond aux revenus locatifs qui auraient pu être recueillis pendant la période considérée « selon les usages du pays du lieu de situation des biens ». La loi belge prévoit l’application d’un forfait de frais de 40 %.
Un bien situé en Belgique non donné en location est imposé sur la base du revenu cadastral indexé, qui est généralement inférieur au rendement locatif théorique de l’immobilier situé à l’étranger. La Cour de Justice de l’Union européenne a condamné la Belgique pour son traitement fiscal différencié selon que le bien mis en location est situé en Belgique ou dans un autre État membre (3).
Bien que la législation n’ait pas encore été modifiée, l’administration a publié en 2016 une circulaire (4) indiquant que, pour certains pays, on pouvait utiliser la valeur (forfaitaire) fixée ou approuvée par l'autorité étrangère en question, c’est-à-dire l’équivalent étranger du revenu cadastral belge. Dans une instruction interne, l'administration donne à titre d'exemple la méthodologie selon laquelle la valeur locative des résidences secondaires en Espagne, en Italie, en France ou encore aux Pays-Bas pourrait être considérée :
- Espagne: il est possible de s’appuyer sur la " valor cadastral ". Vous pouvez prendre 2% de cette valeur cadastrale pour estimer la valeur locative brute annuelle forfaitaire (5). La taxe communale (6) et l’impôt foncier national peuvent en être déduits (7).
- Italie: il est possible de s’appuyer sur la "rendita catastale". Selon l’administration fiscale belge, cette valeur doit être majorée de 5% dans le cas d’un bâtiment et de 25% s’il s’agit d’un terrain. Ensuite, le résultat est multiplié par 4/3 et l’impôt local (uniquement) peut en être déduit (8).
- France: il est possible de s’appuyer sur la base d’imposition qui est reprise sur l’avis d’imposition de la taxe d’habitation française ou de la taxe foncière française. La taxe foncière peut en être déduite. La taxe d’habitation ne peut pas être portée en diminution (9).
- Pays-Bas : il est possible de s’appuyer sur la "waardering onroerende zaken" (WOZ) et de déterminer la valeur locative brute forfaitaire en prenant un pourcentage de cette valeur WOZ (10). Vous pouvez déduire ensuite de cette valorisation la "onroerendezaakbelasting" payée aux Pays-Bas.
Sur la base des jurisprudences belge et européenne, ainsi que de la position de l'administration, le revenu cadastral étranger peut être utilisé pour déterminer la valeur locative. Cela ne constitue pas une obligation mais seulement une possibilité. Vous pouvez estimer vous-même la valeur locative brute, par exemple en consultant un professionnel de l’immobilier local ou en comparant les loyers de biens similaires.