L’Burn remporte le DPF Award 2025 : un nouveau souffle pour les femmes en burn-out

Marie Melikov - Senior Program Manager of Degroof Petercam Foundation

Vanessa Speleers - Junior Program Manager

L’association française L’Burn a été couronnée lauréate de la septième édition du Degroof Petercam Foundation Award (DPF Award). Après une sélection rigoureuse, un jury indépendant a choisi L’Burn parmi quatre finalistes.

Le prix comprend un don d’un million d’euros, réparti sur cinq ans et non fléché, ainsi que l’accès à l’expertise et à la communauté de la Fondation Degroof Petercam.

Cette distinction prestigieuse va permettre à L’Burn de soutenir son développement pour accompagner les femmes en situation de burn-out, facilitant ainsi leur réinsertion sociale et professionnelle.

Anne-Sophie Vives, fondatrice de L’Burn , déclare : « Recevoir le DPF Award est une immense reconnaissance pour L'Burn. Grâce à ce soutien, nous pourrons structurer notre modèle de franchise, ce qui représente un véritable tournant pour notre organisation. Nous bénéficierons également d'une visibilité accrue en tirant parti du réseau de la Fondation et du Groupe Degroof Petercam. Ensemble, nous avons le pouvoir de transformer la vie de nombreuses femmes et promouvoir une société plus inclusive et durable. »

Le burn-out : encore un sujet tabou, pourtant un véritable enjeu sociétal

Le burn-out, ou syndrome d'épuisement professionnel, est en hausse partout en Europe. Selon un rapport de l’INAMI publié en 2024, les incapacités de travail en Belgique liées au burn-out ou à la dépression ont augmenté de 43 % entre 2017 et 2022, avec les femmes représentant plus de deux tiers des cas. En France, 2,5 millions de personnes sont en Burn-out. Au niveau européen c’est 28% des personnes qui sont touchées par ce fléau.

L'augmentation récente des cas de burn-out au cours des dernières années est liée à des facteurs de risque accrus tels que des environnements anxiogènes, des structures de travail en mutation et des rythmes de vie et de travail accélérés qui dépassent nos capacités physiques et mentales. Cette tendance est exacerbée par la diminution des ressources de soutien, notamment le soutien social et familial réduit et la fragmentation des familles. Ceci touche tant les hommes que les femmes.

La réalité du burn-out se traduit par des coûts humains importants, notamment avec près de 18 mois d'absence au travail liée à la maladie, un taux de rechute de plus de 40 % dans les 2 ans qui suivent le retour au travail, et des effets persistants dans 92 % des cas, incluant des troubles cognitifs, une fatigue extrême et des maladies somatiques.

Les implications financières sont également significatives comprenant des traitements médicaux à long terme, le soutien pour ceux qui ne peuvent pas retourner au travail, et l'insécurité financière pour les familles monoparentales, mais aussi un impact à ne pas sous-estimer sur le conjoint et les enfants.

Le burn-out n’étant toujours pas reconnu comme une maladie à part en France ou Belgique (malgré une reconnaissance au niveau de l’OMS), la pose de diagnostic et la prise en charge sont d’autant plus longs et aggravent la situation. Le coût pour la société est estimé à 240 milliards d’euros par an en Europe.

Le burn-out : encore un sujet tabou, pourtant un véritable enjeu sociétal

En 2018, Anne-Sophie Vives, alors notaire, a subi un burn-out. Elle a trouvé du réconfort dans la sororité en créant la communauté d'entraide "Les BURN’ettes" sur Facebook, réunissant d'autres femmes également touchées par le burn-out.

Anne-Sophie souhaitait offrir un espace de soutien aux femmes en burn-out, qu'il soit professionnel ou personnel, et qui n'ont pas trouvé d'accompagnement adéquat auprès de leur employeur ou des instances médico-sociales. Grâce à cette communauté virtuelle, Anne-Sophie permet également de libérer la parole sur l'épuisement des femmes, un sujet encore tabou et exacerbé par les inégalités professionnelles et intrafamiliales.

En mars 2019, de la rencontre entre les membres de la communauté des BURN’ettes, des chercheurs et des professionnels du burn-out, est née l’association L’Burn. Son ambition est d’aller plus loin en créant des protocoles d’accompagnement au plus proche des besoins des femmes concernées et d’entamer un travail de fond sur la recherche, la reconnaissance et la prévention du burn-out.

Aujourd’hui, l’association L’Burn, qui compte 9 employés, agit sur trois axes majeurs :

L’accompagnement des femmes en burn-out

La sensibilisation et l’information sur les causes et conséquences du burn-out

La formation et la prévention auprès des entreprises et collectivités afin de mieux repérer les signes précurseurs et agir en amont

Pourquoi L’Burn est lauréat du DPF Award

Ce qui a séduit le jury de professionnels du DPF Award 2025 avec l’association L’Burn réside dans plusieurs facteurs. Tout d’abord, l’innovation même du sujet de l’association. En effet, L’Burn est la première association à se consacrer au burn-out féminin, dont le nombre de victimes a explosé depuis la pandémie de COVID-19. La courbe ne cesse de croître, comme en témoignent les nombreux articles qui commencent à aborder ce sujet touchant toutes les catégories sociales et professionnelles.

Le jury a également été convaincu par le système de pair-aidance sur lequel repose L’Burn. Ce système permet non seulement de transformer les bénéficiaires en aidantes, mais constitue également un levier pour un véritable changement d’échelle notamment lorsque les bénéficiaires deviennent sentinelles dans leur entreprise. Aujourd’hui, L’Burn a reçu pas moins de 300 demandes, principalement d’anciennes bénéficiaires, souhaitant lancer leur antenne locale pour accompagner les nombreuses femmes en souffrance.

Pourquoi le burn-out touche plus les femmes ?

Les femmes sont particulièrement touchées par le burn-out professionnel et parental. Une enquête de 2020 menée par le Comité Scientifique de L'BURN a révélé que 91 % des répondants attribuaient leur condition à des facteurs spécifiques au genre. Parmi les éléments contributifs figurent les inégalités professionnelles et familiales, la sous-évaluation des professions majoritairement féminines, la charge mentale, l'exposition à la violence basée sur le genre et les difficultés à concilier vie professionnelle et vie familiale, surtout pendant la maternité. Les mères célibataires sont particulièrement affectées, les femmes représentant 85 % des familles monoparentales en France.

Cette distinction de genre s'est également manifestée dans le LAB, le deuxième programme de la Fondation, qui en 2024 s'est concentré sur la réconciliation entre emploi et parentalité en Belgique. Lors d'une grande consultation citoyenne lancée en juin 2024 sur ce sujet et adressée à l'ensemble des citoyens belges, il est apparu que 87 % des répondants étaient des femmes, soulignant qu'il s'agit toujours d'un sujet féminin.

Cependant, de nombreux hommes sollicitent également l'aide de l'association L'Burn, car ils ne reçoivent pas non plus un soutien adéquat. L'Burn a choisi de se concentrer sur les femmes, qui sont les plus durement touchées, mais le plaidoyer qu'elles portent bénéficiera à l'ensemble de la société.

Anne-Sophie Pype, Managing Director de la Fondation Degroof Petercam, ajoute : « Nous sommes heureux d’être en mesure de soutenir L'Burn dans son accompagnement des personnes en situation de burn-out et de contribuer à leur insertion socio-professionnelle. Leur approche novatrice et leur engagement sont en parfaite adéquation avec la mission de la Fondation de promouvoir l'emploi durable et l'inclusion sociale. »