b) Les avantages matrimoniaux
Les conjoints peuvent également se protéger mutuellement en incluant certaines clauses dans leur contrat de mariage. Si vous êtes mariés sous un régime de communauté de biens ou de séparation de biens avec adjonction d’une société d’acquêts, vous pouvez, par exemple, stipuler dans votre contrat de mariage que le conjoint survivant pourra, au décès du prémourant, choisir les biens qu'il recueillera dans la communauté de biens ou la société d’acquêts (clause dite « de choix »). Le conjoint survivant peut, par exemple, choisir de recueillir seul l’entièreté des biens communs en pleine propriété (sachant que tout ce qu’il recueillera en pleine propriété ne reviendra pas aux enfants du conjoint prédécédé, sauf dispositions particulières (cf. infra)).
Point d’attention :
Le législateur protège les enfants issus d'une précédente union contre les avantages matrimoniaux considérés comme excessifs. Tout ce qui revient au conjoint survivant par le biais du contrat de mariage en plus de la moitié des acquêts est considéré comme un don. Comme mentionné ci-dessus, les donations ne peuvent pas affecter la réserve des enfants. Si tel est le cas, les enfants ont alors le droit d’intenter une action en réduction à l’encontre du conjoint survivant.
c) La clause d’accroissement
Une autre technique de planification envisageable est la clause d'accroissement. Il s'agit d'un « contrat aléatoire » par lequel les partenaires conviennent que, pour certains biens qu'ils possèdent, la part du prémourant reviendra au survivant. L'identité du bénéficiaire final dépend donc d'un événement incertain, à savoir le décès du premier des partenaires. Les biens visés par la clause d’accroissement ne font pas juridiquement partie de votre succession. Par conséquent, vos héritiers (vos enfants) ne peuvent pas réclamer ces biens ou invoquer leur réserve à l’égard de ceux-ci, ce qui permet à votre partenaire survivant d’avoir la garantie de pouvoir les conserver.
Sur le plan civil,moyennant le respect de certaines conditions, la clause d’accroissement permet de protéger efficacement le partenaire (sachant que tout ce qu’il recueillera en pleine propriété, ne reviendra pas aux enfants du conjoint prédécédé, sauf dispositions particulières (cf. infra)).
Sur le plan fiscal, si la clause d’accroissement porte sur des biens mobiliers, il convient de répondre à certaines conditions de fait afin d’éviter une taxation. Si la clause d’accroissement porte sur des biens immobiliers, une taxation sera due. En tout état de cause, il convient de faire une analyse au cas par cas.
2) Comment puis-je protéger mes enfants issus d’une précédente union ?
Vous vous êtes remarié et désirez protéger au maximum vos enfants issus d’une précédente union. Quelles sont les différentes possibilités ?
a) Le pacte Valkeniers
Une première possibilité est d’insérer, dans votre contrat de mariage, un pacte Valkeniers. Ce pacte permet aux époux, s’ils le souhaitent, de renoncer, à l’avance, à tout ou partie des droits successoraux qu’ils sont censés recueillir dans la succession légale de leur époux. Cela permet donc de pouvoir modifier le droit d’usufruit dont le conjoint aurait hérité si rien n’avait été prévu à l’avance. La condition sine qua non d’un tel pacte est la présence d’une famille recomposée dont au moins l’un des époux a un enfant issu d’une précédente union.
Prévoir un pacte Valkeniers dans votre contrat de mariage permet, d’une part, d’éviter que vos enfants d’une précédente union ne soient lésés et, d’autre part, d’éviter des difficultés de gestion de vos biens en cas de démembrement entre vos enfants (nus-propriétaires) et votre conjoint (usufruitier). En effet, ces situations de démembrement (usufruit / nue-propriété) peuvent parfois générer des tensions au sein des familles recomposées.
Points d’attention :
- Cela se fait exclusivement par contrat de mariage ou acte modificatif du contrat de mariage et nécessite obligatoirement l’accord des deux conjoints.
- Cet accord n’est pas nécessairement réciproque entre époux et peut donc ne s’appliquer qu’unilatéralement, à un seul des conjoints.
- Dans ce pacte, vous ne pouvez pas priver votre conjoint du droit d’habitation du logement familial et du droit d’usage des meubles meublants et ce, durant un délai de six mois à compter du décès de l’époux.
- Même si vous insérez un pacte Valkeniers dans votre contrat de mariage, vous avez toujours la possibilité d’avantager votre conjoint par le biais, par exemple, d’une donation ou d’un testament et ce, tout en respectant la réserve de vos enfants.
- Depuis le 1er septembre 2018, le pacte Valkeniers est considéré comme un pacte successoral, qui implique que les époux doivent respecter un formalisme strict prévu par la loi ; les époux doivent donc anticiper cela au minimum 1 mois et demi avant leur mariage.