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COP16 : quels sont les progrès accomplis ?

COP16 : quels sont les progrès accomplis ?

Julie Gossen - Responsible Investment Specialist DPAM
Alors que l'attention mondiale se porte de plus en plus sur la biodiversité, la COP16 en Colombie a marqué une étape importante après l'adoption du Cadre mondial pour la biodiversité Kunming-Montréal (CMBKM) - souvent appelé « Accord de Paris pour la nature » - lors de la COP15. On attendait beaucoup de cette « COP de la mise en œuvre ».
Celle-ci devait déboucher sur des mesures concrètes pour atteindre les objectifs du CMGB, tels que des réductions drastiques des polluants et la protection de 30 % des terres et des océans de la planète d'ici à 2030 (l'objectif dit « 30 par 30 »).
Toutefois, les résultats de la COP16 - qui a en fait été suspendue - ont suscité des sentiments mitigés. Si des progrès significatifs ont été accomplis sur des questions telles que les droits des peuples autochtones et le partage équitable des bénéfices tirés des ressources génétiques, des sujets cruciaux tels que les mécanismes de financement et les cadres de suivi sont restés en suspens.
Dans cette vidéo exclusive, Julie Gossen, spécialiste de l'investissement responsable, s'entretient avec Aleksandar Rankovic, expert en biodiversité et cofondateur de The Common Initiative, qui nous fait part de ses réflexions en direct de Cali, en Colombie.
Ensemble, ils discutent des négociations intenses et des impasses de dernière minute, ainsi que des besoins de financement critiques pour la protection de la biodiversité, des défis de mise en œuvre et de ce que ces résultats signifient pour les investisseurs.
COP16 : quels sont les progrès accomplis ?

Résultats de la COP16

La COP16 a souligné la difficulté de transformer les engagements en actions concrètes, en laissant en suspens des questions clés telles que les mécanismes de financement et les cadres de suivi. Malgré l'espoir de progrès importants dans la mise en œuvre, aucune décision finale n'a été prise sur la manière dont les pays mobiliseront les fonds substantiels nécessaires - un déficit de financement d'au moins 700 milliards d'USD doit être comblé, en mobilisant au moins 200 milliards d'USD par an et en réaffectant au moins 500 milliards d'USD de subventions par an, comme convenu dans le cadre de la gestion de la biodiversité mondiale. Seuls 163 millions d'USD supplémentaires ont été promis pour le fonds du cadre mondial pour la biodiversité, et les discussions sur la réforme des subventions préjudiciables à l'environnement sont au point mort.
Les progrès en matière de cadres de suivi ont également pris du retard. Sur les 196 parties, seules 44 ont soumis des stratégies et des plans d'action nationaux actualisés en matière de biodiversité avant la fin de la COP16, ce qui empêche un suivi efficace des objectifs de 2030. Un processus d'examen mondial des progrès réalisés par les pays n'est toujours pas résolu, et sans accord sur les indicateurs, le cadre de suivi de la mise en œuvre se heurte à des obstacles importants. Par exemple, les pays sont toujours divisés sur l'objectif 7 relatif aux pesticides, avec des débats sur la question de savoir s'il faut surveiller les niveaux de concentration dans l'environnement ou les mesures de toxicité agrégées.
Pourtant, d'importantes avancées ont été réalisées :
  • La COP16 a vu la création du Fonds de Cali - un fonds volontaire dans lequel les entreprises bénéficiant de données génétiques, telles que les entreprises pharmaceutiques et agroalimentaires, contribueraient à hauteur de 1 % de leurs bénéfices ou de 0,1 % de leurs revenus au profit des pays riches en biodiversité. Bien que volontaire, ce fonds constitue une avancée prometteuse vers un partage équitable des avantages liés aux ressources de la biodiversité.
  • En outre, un organe subsidiaire permanent a été créé pour donner aux populations autochtones une voix officielle dans les négociations, reconnaissant ainsi leur rôle essentiel dans les efforts de conservation à l'échelle mondiale.

En résumé

  • Pour les investisseurs, la COP16 a introduit de nouvelles initiatives telles que les tout premiers objectifs scientifiques validés pour la nature, une feuille de route pour le mécanisme public de données sur la nature et des plans de transition pour la nature de la Task Force on Nature-related Financial Disclosures (TNFD).
  • Ces initiatives soulignent que l'investissement dans la biodiversité n'est pas seulement essentiel, mais qu'il est de plus en plus réalisable et qu'il offre aux investisseurs des voies claires pour aligner leurs portefeuilles sur les objectifs en matière de biodiversité.
  • La COP 16 n'est pas terminée : si nous utilisons une métaphore sportive, le match a été suspendu pour des raisons techniques à la 89e minute. Elle rouvrira ses portes et abordera les sujets en suspens, probablement au cours du premier semestre 2025. Dans cette perspective, ce qui s'est passé à Cali souligne la nécessité pour tous les acteurs de poursuivre leur collaboration afin d'atteindre les objectifs de 2030.
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