Soif d'aventure
Interrogée sur sa personnalité, Salomé Berlioux se définit comme une exploratrice invétérée. Elle a grandi dans un hameau rural de l'Allier, où, outre la lecture, elle aime la nature : longues promenades à pied ou à vélo, équitation, baignades dans les étangs, nuits dans la cabane qu'elle s'est construite, et même camping en plein champ.
C'est ce même goût de l'aventure qui l'a poussée à troquer la vie rurale pour la grande ville : « Quand je suis allée au lycée, un professeur m'a déconseillé d'aller étudier à Paris. Il craignait que j'échoue ou que je me perde dans la grande ville. Mais j'ai ignoré son conseil et j'ai obtenu deux maîtrises. La vie est faite de défis permanents et les protections sont parfois prohibitives ».
Patrice Franceschi acquiesce et ajoute : « L'audace fait partie intégrante de notre tempérament. Elle peut être réprimée par l'environnement et les circonstances, mais aussi encouragée. Malheureusement, dans le monde moderne, le talent de l'audace semble se manifester moins souvent. »
Paradoxe
Dans son dernier essai, Patrice Franceschi examine comment la prudence et le consumérisme ont pris le pas sur la liberté. Ce qui le frappe, c'est que le désir de sécurité a parfois prévalu, du moins dans nos régions, au détriment de notre liberté. Cela l'inquiète, d'autant plus que d'autres régions du monde continuent à valoriser l'audace. Même en tant que capitaine, il y est constamment confronté : « Par rapport à il y a 20 ans, il y a beaucoup moins de zones où nous sommes autorisés à naviguer. C'est paradoxal, car notre équipement est aujourd'hui beaucoup plus complet qu'à l'époque et nous pouvons donc naviguer de manière plus sûre. Certaines compagnies d'assurance semblent vouloir éliminer tous les risques. C'est une utopie, car au bout du compte, nous mourrons tous ».
L'altruisme
Patrice Franceschi lui-même a une grande admiration pour les personnes prêtes à prendre des risques physiques, comme les travailleurs humanitaires et les soldats. « Pour moi, ce sont ces personnes qui donnent un sens à la vie. Accepter que les choses puissent mal tourner est essentiel. Cette vision contraste malheureusement avec notre société actuelle où 'gagner de l'argent et consommer' semble être devenu le but suprême ».
Patrice Franceschi hausse les épaules et soupire : « Nous avons perdu la capacité d'être altruistes, et c'est un problème de société que nous devons tous combattre. En même temps, je constate que beaucoup de jeunes sont en quête de sens. »
L'empowerment
Salomé Berlioux acquiesce et ajoute : « Il est également important d'avoir à ses côtés quelqu'un qui nous donne la confiance nécessaire pour prendre des risques, surtout si l'on est issu d'un milieu modeste ou d'une zone géographique isolée. Pour moi, l'empowerment est donc l'un des leviers les plus puissants, car il ouvre des portes sur des opportunités qui étaient auparavant inaccessibles ».
« C'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai fondé Chemins d'avenirs. Le fait que l'organisation soutienne aujourd'hui 6 000 jeunes et que leur nombre continue d'augmenter systématiquement me rend optimiste. D'ici 2025, nous visons 20.000 à 25.000 jeunes ».